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  • David Homedes

reprise des messes entre l'Ascension et la Pentecôte 2020

Dernière mise à jour : 30 août 2020



Dans les films, souvent deux scènes qui se suivent nous montrent deux événements qui sont en train de se dérouler en même temps, deux histoires parallèles qui vont bientôt se croiser. Je pense que c’est de cette manière qu’il faut entendre les lectures du 7ème dimanche du temps pascal. La première lecture et l’évangile nous montrent deux événements qui se déroulent en même temps, l’un au Ciel et l’autre sur la terre. Je m’explique :

Jésus avant l’Ascension a demandé aux disciples d’attendre sur place la venue du St Esprit qui leur donnera la force de témoigner de leur foi jusqu’au bout du monde ; et il leur promet qu’en arrivant auprès du Père il priera pour eux, afin que le Père leur envoie cet Esprit Saint. Comme le grand prêtre de l’époque entrait dans le sanctuaire pour offrir un sacrifice pour le peuple, Jésus entre au sanctuaire du Ciel offrant son propre sacrifice pour chacun de nous.

Dans l’évangile que nous venons d’entendre, Jésus prononce une prière qui résume toute sa mission. Même si Jésus l’a prononcée juste avant sa passion, nous pouvons très bien l’imaginer en train de prononcer cette prière dès son arrivée auprès du Père. Il a accompli à la perfection sa mission, il retrouve enfin son Père, et il lui parle de nous, de toutes ses personnes que le Père lui a confiées et qui maintenant ont la foi. Sa mission a été réussie, l’Église est fondée et Jésus demande pour cette Église le même Esprit Saint qu’il avait reçu lui-même pour sa mission, afin que nous donnions une suite à tout ce qu’il a commencé.

C’est l’origine du sacrement de confirmation. A la Pentecôte les chrétiens reçoivent l’Esprit de Jésus pour donner suite à la mission de Jésus. Comme dans une course de relais, il nous passe le témoin. C’est à nous maintenant de bâtir la civilisation de l’amour.

Et comme dans un film, la 1ère lecture nous montre ce qui se passe sur terre pendant que Jésus retrouve son Père après l’Ascension. Le Ciel prépare l’envoi de l’Esprit Saint pendant que l’Église sur terre se prépare pour le recevoir. Les apôtres au cénacle, sont unis dans la prière entre eux et avec Marie pour implorer l’Esprit Saint pendant que Jésus intercède pour nous au Ciel.

Cette prière de Jésus que nous avons entendu dans l’évangile s’appelle « la prière sacerdotale », premièrement, parce que Jésus l’a prononcé le soir de la Cène après avoir institué l’eucharistie et le sacerdoce, et deuxièmement parce que c’est la prière avec laquelle Jésus intercède pour nous depuis le jour de l’Ascension. Je ne sais pas si vous voyez le rapport entre le sacerdoce et l’intercession :

Dans l’Ancien Testament, l’intercession c’était le rôle du prêtre par excellence, à la suite de Moïse. Lui-seul avait le droit d’entrer dans le sanctuaire pour offrir le sacrifice. Il le faisait au nom de tout le peuple pour implorer le pardon de leurs péchés. Jésus est le Grand prêtre par excellence parce qu’il est le seul à être entré en corps et âme au Sanctuaire du Ciel afin d’offrir son propre sacrifice pour les pauvres pécheurs que nous sommes. Toute la lettre aux Hébreux tourne autour de ce thème.

Le même soir du jeudi Saint, avant de prononcer sa prière sacerdotale, il a institué le sacerdoce. Donc le prêtre est avant tout celui qui prolonge l’intercession sacerdotale de Jésus, celui qui s’approche de Dieu au nom de tous les autres afin d’offrir le sacrifice de Jésus pour le pardon de leurs péchés.

Personnellement, j’ai redécouvert cet aspect de ma vocation pendant ce confinement. Vous étiez privés des sacrements et apparemment mon sacerdoce ne servait à rien. J’aurais pu arrêter de célébrer la messe et elle n’aurait manqué à personne. EVIDEMMENT, j’ai continué à célébrer tous les jours premièrement parce que j’aime célébrer la messe, plus que tout au monde, mais aussi parce que j’estime que ma première mission comme prêtre c’est de vous représenter devant Dieu. Comme Moïse ou les grands prêtres, j’étais le seul à avoir accès au sanctuaire, mais à travers moi vous y étiez tous. J’étais votre représentant. Chaque jour, sur la table eucharistique, avec le pain et le vin, invisiblement il y avait aussi vos cœurs que j’offrais à Dieu, avec leurs joies et leurs peines. Comme Jésus à l’Ascension retrouve son Père et lui parle de nous, de toutes ses personnes que le Père lui a confiées, j’espère que le jour de ma mort le Père dans mon cœur sacerdotal ne trouvera rien d’autre que les noms de toutes les personnes qu’il m’aura confiées tout au long de ma vie.

Mais revenons à vous. Je voudrais terminer en attirant votre attention sur le fait que Jésus ne prie pas pour le monde mais pour chacun de nous. Dans l’évangile selon St Jean et les lettres de Jean, le terme « monde » est utilisé pour parler de tout ce qui n’est pas Royaume de Dieu. C’est à dire, toutes les structures de péché et systèmes corrompus que nous avons bâtis depuis le premier péché. Jésus est venu pour détruire cela et pour instaurer, à la place, la civilisation de l’amour.

Notre monde occidental est en crise à cause d’un virus, nous entendons dans les médias que le monde ne sera plus le même. L’objectif de Jésus n’est pas de sauver le monde corrompu que nous connaissons mais de nous sauver nous, chaque personne. La société de consommation dans laquelle nous avons grandi finira par se casser la figure plus tôt ou plus tard. Les pays riches ne doivent pas continuer à surexploiter les ressources de la planète et les ressources des pays pauvres au profit d’un confort capricieux devenu indispensable, au profit de l’intelligence artificielle ou du Trans humanisme, pour ne pas parler du trafic d’organes, du trafic d’armes et tant d’autres structures de péché.

Le père Cantalamessa, prédicateur du pape, dans l’homélie du vendredi saint compare notre monde en crise avec le peintre qui a peint la voute de la cathédrale de Londres. A un moment donné, il était sur l’échafaudage, et il reculait pour mieux apprécier son œuvre, il ne se rendait pas compte qu’il allait tomber de l’échafaudage. Quelqu’un a eu l’idée de ne pas lui crier pour ne pas accélérer le drame mais de lancer un pinceau mouillé sur la fresque et de la tacher. Le peintre s’est avancé vers sa fresque au lieu de reculer encore. Son œuvre était abimée mais sa vie était sauve. Jésus pleure les malheurs du monde, mais parfois il est obligé de les permettre pour que le monde arrête de foncer vers le mur. Saurons-nous bâtir un monde différent après cette crise ?



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