Homélie anthropologie chrétienne
On entend parfois des gens dire que les temps ont changé et que l’église devrait mettre à jour sa morale pour être plus moderne, parce que plus personne ne vit selon la rigueur d’autrefois. Mais l’Église n’est pas un parti politique qui modifie son discours pour gagner de l’électorat. L’Église n’existe pas pour plaire aux hommes mais pour plaire à Dieu. A vrai dire, le message de l’évangile n’a jamais été à la mode.
Aujourd’hui Jésus s’oppose à ce qu’un homme puisse renvoyer sa femme. C’est une révolution dans un monde de domination masculine. Les 1ers chrétiens passaient pour des fous quand ils parlaient de monogamie. Les apôtres eux-mêmes avaient été choqués par les propos de Jésus : "ce que Dieu a uni, que l’homme ne le sépare pas". Mais ils ont fait confiance à Jésus et ils ont prêché sa Parole telle quelle.
Aujourd’hui, 2000 ans après on les remercie parce que la monogamie chrétienne a permis une prise de conscience de la dignité de la femme qu’on ne trouve pas dans les pays qui ne sont pas de culture chrétienne. Pas besoin de vous faire un dessin sur la condition de la femme il y a 2000 ans ou la condition de la femme dans les pays par lesquels l’Église n’est jamais passée...
Aujourd’hui, l’égale dignité de l’homme et de la femme est enfin acceptée comme une évidence chez nous, mais cette parole de Jésus est contestée pour d’autres raisons. Le monde moderne se bat pour le droit de tous à se marier, à divorcer, à avoir des enfants si on en a envie, et à ne pas en avoir si on n’en veut pas. Mais Jésus, lui, il se range du côté des plus faibles, des enfants : il se bat pour le droit de chaque enfant à avoir un papa et une maman qui l’aiment et qui s’aiment.
Jésus se montre contraire au divorce et contraire au mariage homosexuel. Tout comme les 1ers chrétiens, nous sommes tentés d’adapter les principes de Jésus à la mode, aux mœurs du moment. De même que nous remercions aujourd’hui les 1ers chrétiens de nous avoir transmis les paroles de Jésus telles quelles malgré le choc culturel avec leur société de domination masculine ; de même, les générations qui viendront après nous, nous remercieront si nous leur transmettons le message de Jésus tel quel, même quand il entre en contradiction avec des courants de pensée très puissants, et même quand nos mœurs à nous ne sont pas à la hauteur de ce en quoi nous croyons. Jésus l’a promis : "le Ciel et la terre passeront, mes paroles ne passeront pas".
Jésus, pour expliquer que tout enfant a le droit d’avoir un papa et une maman qui s’aiment et qui l’aiment, il cite les premières pages de la bible, que nous avons entendu en 1ère lecture. Comme vous savez, ce n’est pas un récit scientifique mais un traité d’anthropologie sur la condition humaine.
Dans ce récit symbolique, l’homme a été créé avec la glaise du sol et le souffle de Dieu, son corps vient de la terre et son âme vient de Dieu directement. Les animaux, par contre, ont été créés de la terre uniquement. Le texte insiste sur le fait que les animaux n’ont pas la même dignité que l’homme parce que chaque animal doit porter le nom que l’homme lui donne et parce que l’homme ne trouve pas son complémentaire parmi les animaux. A différence de la femme, ils ne sont pas "l’os de ses os et la chair de sa chair". Ceci entre aussi en contradiction avec des courants modernes qui prétendent que manger de la viande c’est un meurtre. La 2ème lecture ne peut pas être plus claire : en citant le psaume 8, pour dire que Dieu s’est fait homme en Jésus, la lettre aux hébreux dit que Jésus s’est rendu à peine inférieur aux anges. Donc un homme c’est un être au-dessus des animaux, à peine inférieur aux anges.
Les théologiens chrétiens du moyen âge avait déjà intégré l’interprétation juive selon laquelle la femme n’a pas été tirée de la tête pour dominer, ni du pied pour être écrasée par l’homme, mais de la côte pour être son égal, prêt de son cœur et protégée sous son bras. Ce n’est qu’après le péché, que l’homme donnera à sa femme le nom d’Ève comme il avait fait avec les animaux auparavant. Avant le péché, il n’y avait pas de domination masculine sur la femme mais seulement sur les animaux.
Le chapitre précédent, le premier de la bible, avait affirmé que l’homme et la femme ont été créés à l’image et à la ressemblance de Dieu. Nous savons, par le reste de la bible, que Dieu est Trinité, Père, Fils et St Esprit ; que le fils procède du Père et que l’Esprit Saint procède des deux. Justement dans le chapitre 2 de la genèse que nous venons d’entendre, la femme procède de l’homme et le reste de la race humaine procède des deux. Je ne peux pas m’empêcher d’y voir la Trinité dans chaque couple humain qui fait l’expérience de « je t’aime, tu m’aimes et les deux ensemble nous aimons quelqu’un qui est le fruit de notre amour ».
Ève procède d’Adam, et c’est elle qui accouche la race humaine. Cet enfantement se passe dans le sang et l’eau à cause du péché. Le fils procède du Père et c’est lui qui accouche l’Esprit Saint dans nos âmes à travers le sang et l’eau de son côté ouvert, aussi, à cause du péché. Pourtant, Jésus n’est pas appelé la nouvelle Êve mais le nouvel Adam, l’époux de l’humanité. Je ne développerai pas davantage ce point car je me sens dépassé par ce mystère.
Retenez que Jésus demande que le mariage soit pour toute la vie et qu’il le soit entre un homme et une femme, parce que la complémentarité papa-maman c’est ce que ressemble le plus à la Trinité sur Terre. Maman, qui a porté l’enfant en elle, a une façon de l’aimer. Papa, qui ne l’a pas porté, qui fait un acte de foi pour croire que cet enfant et le sien, que sa femme ne l’a pas trompé, il a une autre façon moins fusionnelle de l’aimer. Et l’enfant a besoin de cette complémentarité « attachement-détachement » pour construire son identité.
A l’époque du mariage pour tous, de la Procréation Médicalement Assisté, de la Gestation Pour Autrui et de l’avortement constitutionalisée ; la Bible ose affirmer que l’enfant n’est pas une mascotte : qu’il n’existe pas le droit à avoir un enfant ou à ne pas le garder, ce qui existe, c’est le droit de tout enfant à avoir un papa et une maman qui s’aiment et qui l’aiment. Dans le monde il y a déjà assez d’orphelins, pas besoin d’en fabriquer et encore moins de les tuer.
Je suis conscient qu’il y a des situations personnelles et familiales qui rendent impossible cet idéal. Je ne veux juger personne. Je pense que chacun fait de son mieux avec les cartes qu’il a et qu’on est tous des pauvres pécheurs sauvés par un Dieu miséricordieux. Face à tant de drames, la solution n’est pas de les nier, mais de redécouvrir que l’amour de Dieu pour nous est infiniment plus grand que nos péchés.
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