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David Homedes

Hommage à Mlle Dol et aux oeuvres éducatives




Homélie Noël. Le Beausset 2024


Notre façon d’entrer en relation avec les enfants est révélatrice de notre enfance et de notre rapport à l’enfant que nous avons été. Vous connaissez le conte de Noël de Charles Dickens, qui raconte l’histoire du vieux Monsieur Scrooge, qui n’aimait pas les enfants qui frappaient à sa porte pour lui chanter des chants de Noël, qui les envoyait balader, et qui a été visité par un esprit qui lui a rappelé les fêtes de Noël de son enfance, tout ce qu’il a souffert et ces personnes qui lui ont fait du mal et qu’il n’a jamais pardonné. Quand il apprend à accepter son histoire et à aimer l’enfant qu’il a été, il devient tendre envers les enfants qui lui rendent visite la nuit de Noël.

 

L’enfant que vous avez été vit à l’intérieur de vous, parfois il se sent seul, parfois il a peur, parfois il boude parce qu’il a besoin qu’on fasse attention à lui... regardez les choses qui vous énervent chez les autres et vous verrez que souvent ce sont des défauts que vous aviez quand vous étiez petit. Apprenez à aimer l’enfant que vous avez été et vous deviendrez tendre envers tous.

 

Quand Jésus dit qu’il faut faire bon accueil aux enfants, ça commence par faire bon accueil à l’enfant que vous avez été et qui vit à l’intérieur de vous, toutes ses émotions que vous avez du mal à contrôler parce qu’elles révèlent quelque chose de votre histoire passée que vous n’avez pas encore accepté.

 

 

J’en parle avec beaucoup d’émotion parce que, en cette nuit de Noël, Dieu a voulu devenir enfant et se manifester comme tel. Après 9 mois de gestation, le Prince de la Paix est né à Bethlehem, ce nom se traduit « maison du pain ». Et voilà qu’aujourd’hui cette même ville est en guerre et ses enfants meurent de faim. La ville du Prince de la Paix est en guerre et les enfants de la maison du pain meurent de faim. Le soir du premier Noël, Jésus est né dans une étable parce qu’il n’y avait personne pour l’accueillir, et tant que les hommes ne l’accueilleront pas, l’humanité ne connaitra pas la Paix. Lui seul peut donner à nos cœurs la véritable paix.

 

 

Après vous avoir présenté ce Dieu qui se fait enfant et qui nous commande de faire bon accueil aux enfants, à commencer par l’enfant que nous avons été, je voudrais terminer par un exemple, un modèle : l’histoire vraie d’une femme qui a consacré sa vie au bonheur des enfants. Elle n’avait pas d’enfant, mais elle était la maman de tous les Beaussetans, et en particulier des orphelines de la grande guerre. Il d’agit de Mademoiselle Dol.

 

Je voudrais lui rendre hommage parce que l’année 2024 qui termine a été le 50ème anniversaire de sa mort. Depuis son décès il y a un demi-siècle, la ville du Beausset lui a dédicacé une plaque à la place de la mairie, sur la porte du presbytère, qui était sa maison ; aussi l’une des 4 cloches et notre clocher qui porte son nom et la place de l’église, qui s’appelle aussi Marie-Claire Dol. La paroisse lui a dédié le nom de la plus grande salle du presbytère et aujourd’hui elle lui dédie cette messe de Noël.

 

Les plus anciens du village se rappellent encore quand ils passaient par la place de la mairie et qu’ils la voyaient à la fenêtre de sa cuisine (mon actuel bureau), toute la journée là, avec son chapeau noir, sa cape noire et son chapelet à la main, en train de le prier et de broder avec sa gouvernante Ida, qui surveillait la casserole. Elle donnait de l’emploi aux orphelines de la grande guerre et elle leur avait même acheté à un caveau au cimetière à côté du sien devant lequel je me suis recueilli vendredi dernier en préparant cette homélie.

 

 

Elle était la dernière héritière d’une famille très riche. Sa propriété s’étalait de la place de la mairie jusqu’au stade. La statue du sacré cœur de Jésus, qui surplombe le stade du Beausset et qui a donné nom au chemin qui le longe, était la limite de la propriété de la famille Dol.

 

Elle a passé sa vie à vendre son patrimoine par petits bouts pour payer les dettes de ceux qui étaient dans le besoin et à qui elle rendait service.

 

 

 

Elle logeait chez elle, dans l’actuel presbytère, des femmes enceintes en situation de précarité, comme la Vierge Marie qui en ce jour accouche de l’enfant roi dans une étable. Comment ne pas penser à tant de mères en précarité qui sont souvent poussées à avorter au lieu de recevoir l’aide nécessaire pour accueillir la vie qu’elles portent en elles. Marie-Claire Dol avait fondé la confrérie des mères chrétiennes. Certains se rappellent encore de Mlle Dol jouant l’orgue à la messe malgré ses vieux doits déformés, entourée de ces mamans chrétiennes avec leur ruban autour du cou.

 

Dans la salle du puits, qui porte aujourd’hui son nom, le patronage « Sainte Germaine » apprenait aux jeunes filles le métier de la couture et de la broderie pour qu’elles gagnent leur vie en faisant des trousseaux de mariage. Au fil des années, le frère Noël et le frère Victor, de la maison des frères, viendront assurer la relève du catéchisme et des activités ludiques pour enfants dans cette même salle. Dans les années 50, du vivant de Marie-Claire, la pièce d’à côté deviendra notre actuelle chapelle St Joseph.

 

L’abbé Eouzan disait que Marie-Claire Dol était l’âme du Beausset. Elle qui n’avait pas eu d’enfants, et qui a fait de toutes les mères du Beausset ses enfants, après avoir été généreuse pendant toute sa vie, à sa mort, elle a légué à l’église tout ce qui lui restait. Selon ses dernières volontés, l’abbé Borel a fait de la maison de la famille Dol, le presbytère de la paroisse. Et voilà un demi-siècle que la paroisse poursuit l’œuvre de Marie-Claire Dol dans ce lieu que j’ai l’honneur d’habiter et dans lequel nous recevons toujours des enfants de tous les âges pour leur donner une éducation catholique.

 

J’espère qu’avant la fin de mon mandat comme curé du Beausset, je verrai de mes yeux la réouverture de son patronage et qu’il portera son nom.

 

Paroisse du Beausset, seras-tu à la hauteur de ceux qui t’ont précédé ? Je pense que Mlle Dol, du Ciel regarde avec fierté cette nouvelle génération d’enfants qui nous ont ému ce soir avec leur spectacle. Nous n’avons pas laissé à nos enfants une France et un monde en bon état, mais la paroisse du Beausset sera là pour les protéger en faire les saints du 21ème siècle dont la France et le monde ont besoin.

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