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David Homedes

Prière non exaucée?



Homélie sur l'angoisse du Christ dans Jn 12, 5ème dim carême B

Beaucoup de personnes perdent la foi suite à une prière non exaucée ou une souffrance injuste : « si Dieu existait, il ne permettrait pas ça ». Et je pense que c’est tout à fait compréhensible... C’est toujours délicat de prêcher le sens chrétien de la souffrance, la différence entre espoir et espérance !

La 2ème lecture de ce dimanche dit que le Christ, « avec un grand cri et dans les larmes, offrit des prières à Dieu, qui pouvait le sauver de la mort, et il fut exaucé ». Je trouve très audacieux d’affirmer qu’il fut exaucé par celui qui pouvait le délivrer de la mort, alors que, concrètement, celui-ci ne lui pas épargné la pire des morts. Il a été exaucé, mais pas à la manière de l’espoir humain. Comme souvent nos prières...

Voilà la prière de Jésus : « maintenant mon âme est bouleversée, que vais-je dire ? Père, sauve-moi de cette heure ? mais non ! c’est pour cela que je suis parvenu à cette heure-ci ! Père, Glorifie ton Nom ! »

Jésus exprime son envie légitime de ne pas souffrir, tout en se remettant à la volonté du Père. La prière est exaucée, non pas parce que Jésus a été épargné de souffrir, mais parce que cette souffrance lui a permis de réussir l’objectif de sa vie !

« Quand je serai élevé de terre, j’attirerai à moi tous les hommes », dit Jésus. Il est venu sauver toute l’humanité. Dans l’évangile d’aujourd’hui, des grecs veulent rencontrer Jésus. Jésus voit que son rayonnement est devenu international et, par ce fait, il voit que l’heure approche d’attirer à lui tous les hommes par la croix.C’est le but de sa vie et il en sera exaucé, car « le grain de blé tombé en terre, s’il ne meure pas il reste seul, mais s’il meure il porte beaucoup de fruit ».

On comprend fort bien que Jésus soit venu au monde pour rassembler les enfants de Dieu dispersés, mais on a plus de mal à comprendre que pour cela, il faille être élevé de terre sur une croix. Dieu serait un sanguinaire qui a besoin de voir du sang pour remettre la dette de nos péchés ? Non, bien sûr, ce n’est pas Dieu qui a besoin de voir Jésus sur une Croix mais nous !

Je m’explique. Dieu aurait pu sauver le monde autrement. Il aurait pu nous pardonner nos péchés sans que personne en paye le prix, mais il aurait commis une injustice et il n’aurait pas manifesté son amour.

Ceux qui ont fait le parcours alpha connaissent l’histoire de deux amis d’enfance dont l’un est devenu juge et l’autre délinquant... le délinquant se retrouve un jour au tribunal jugé par son ami. Le juge le condamnera à payer plusieurs milliers d’euros, mais après il ira rencontrer son ami pour lui payer lui-même la somme dont il est question.

Dieu nous a sauvés en payant lui-même le prix de nos péchés pour nous prouver son amour. Tous les couples ici présents peuvent témoigner que c’est dans les moments difficiles qu’on peut prouver son amour. Il ne suffit pas de dire « je t’aime », il s’agit de le prouver en étant prêt à souffrir pour la personne qu’on aime.

Jamais personne n’aurait pu inventer l’idée d’un Dieu qui prouve son amour à l’humanité en payant le prix de nos péchés sur une croix. Cette manifestation suprême de l’amour de Dieu fascine l’humanité depuis 2000 ans. Des milliards de personnes se sont converties à la religion chrétienne pendant ces 20 siècles, alors qu’il n’y a rien d’attirant chez un homme crucifié. Mais Jésus le savait bien « quand je serai élevé de terre, j’attirerai à moi tous les hommes ».

Cette fécondité de la souffrance acceptée et offerte à Dieu c’est un mystère que je constate mais que je ne saurais pas vous expliquer. Les grands saints, avant d’avoir un rayonnement extraordinaire, sont passés par des épreuves injustes qu’ils ont offertes à Dieu sans se révolter. Après ses épreuves, la loi de Dieu s’est inscrite dans leurs cœurs, comme disait la 1ère lecture d’aujourd’hui. Ils n’avaient plus besoin d’apprendre ce que Dieu attend d’eux. Leurs cœurs ne désiraient rien d’autre que de faire la volonté de Dieu. « Si le grain de blé tombé en terre ne meure pas il reste seul, mais s’il meure il porte beaucoup de fruit ». Par exemple, Bernadette de Lourdes fait jaillir la source miraculeuse après avoir offert à Dieu l’humiliation de sa vie...

Jésus vient de nous dire aussi « si quelqu’un veut me servir qu’il me suive et là où je suis, là aussi sera mon serviteur ». Jésus ne nous oblige pas à le servir mais il nous prévient que si nous faisons ce choix, nous risquons de porter nous aussi la croix à sa suite. Il y a des âmes très avancées dans la vie spirituelle qui font ce choix, de non seulement se sauver elles-mêmes, mais d’aider Jésus à sauver le monde en unissant leurs souffrances à celles de Jésus pendant la messe. La souffrance offerte à Dieu, unie à celle de Jésus pendant la messe c’est la plus puissante des prières. Elle obtient des miracles. Les saints qui ont fait le plus de miracles ont été aussi les plus éprouvés, par exemple, Padre Pio.

Voilà la différence entre espoir et espérance. L’espoir c’est croire que tout va bien se passer. L’Espérance consiste à savoir qu’il y aura la croix mais que Dieu a le dernier mot pour rendre féconde notre souffrance !

Mais j’insiste, Dieu ne veut pas la souffrance. Il nous a créés pour le bonheur éternel. C’est le diable qui, par jalousie, a introduit la souffrance et la mort dans le monde depuis notre 1er péché. Le rêve de Dieu c’est qu’après notre mort nous puissions le rejoindre dans son paradis, là où il n’y a pas la mort et la souffrance. Mais en attendant, Jésus est venu assumer notre souffrance pour que nous puissions lui donner un sens et une fécondité.

A l’approche de la semaine sainte, je vous invite à ce que vos efforts de carême unissent vos souffrances à celles de Jésus pour que votre vie donne beaucoup de fruit.

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