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David Homedes

L’origine de l’espérance dans un au-delà



Homélie 2 nov. commémoration des fidèles défunts

Chers frères et sœurs,

Nous sommes réunis afin de prier pour l’éternel repos de ceux qui nous sont chers et qui nous ont quittés dernièrement. Mais pourquoi prier pour les morts ?

Voila ce qu’il y a de plus étonnant et de plus propre à l’être humain. Les archéologues, quand ils trouvent les ossements d’un primate, ils ont un critère clé pour définir s’il s’agit d’un singe ou d’un homme : il y a-t-il des traces d’enterrement ?

Depuis que l’homme est homme, la première chose qui le différencie des animaux c’est que nous aimons nos proches, même une fois qu’ils sont partis, et nous ressentons le besoin de leur exprimer notre reconnaissance et notre espérance par un rite religieux qu’on appelle enterrement. Aucun animal ne fait cela, l’instinct de survie ne pousse jamais un animal à faire un acte qui n’est pas productif. Nous, nous dépensons des grandes sommes pour rendre un dernier hommage à ceux qui nous sont chers, car l’amour ne s’arrête pas au moment de la mort.

L’amour est plus fort que la mort. Si notre cœur se révolte face à cette réalité c’est parce que la certitude la plus profonde de l’homme c’est qu’il est fait pour la vie et ne pas pour la mort.

Mais il y a-t-il des raisons pour espérer cela ? Ne serait-il une fuite d’une réalité difficile à accepter ? Je voudrais vous dire un mot sur la légitimité de l’espérance qui vous a poussé jusqu’ici.

Premièrement, la certitude d’un au-delà n’est pas une fuite de la douleur, car dans les religions primitives, l’au-delà était souvent un lieu sinistre qui entraine une plus grande peur à la mort. Les gens y croyait ne pas parce qu’ils en avaient envie mais parce qu’ils en avaient la certitude. Les religions ne sont pas nées d’un désir mais d’une certitude.

La religion chrétienne, en revanche, est pleine d’espérance en un au delà qui comble nos aspirations. Et pour tant, cette religion non plus, n’est pas née d’un désir.

Le christianisme est né dans un contexte juif et justement le judaïsme est une des rares religions au monde qui pendant 1800 ans n’a pas abordé la question de la mort (sans doute parce qu'ils en avaient été saturés pendant leur esclavage en Egypte). La réponse la plus satisfaisante que l’homme a trouvée à sa souffrance la plus profonde est apparue mystérieusement dans le seul peuple qui ne la cherchait pas. Elle n’est pas le fruit d’un raisonnement, car c’est Dieu lui-même qui l’a donné : des hommes qui attendaient un messie politique et ne pas un paradis se sont répondus par tout dans le monde en disant qu’ils avait vu Jésus ressuscité et que la mort n’a plus le dernier mot.

Mais quelle est cette espérance chrétienne qui répond à notre peur la plus intime et que nous avons reçue sans l’avoir même pas cherchée? Est-elle une simple consolation d’avoir dans l’au delà ce que nous aurions voulu avoir sur terre ? Cela nous mènerait à un faux conformisme.

Si nous avons le désir d’un monde meilleur, d’une vie heureuse pour nous et pour les autres c’est parce que nous avons la certitude que nous sommes faits pour le paradis et que nous n’avons pas à nous contenter avec une vie malheureuse. Quand nous souffrons nous nous révoltons avec raison, car nous sommes faits pour une vie sans souffrance. Voilà la définition du Paradis.

Sur Terre, le bien et le mal sont mélangés et notre aspiration la plus intime c’est de les séparer.

Dans une Parabole, Jésus parle d’un champ où le blé et la mauvaise herbe sont mélangés. Il dit qu’il ne peut pas couper la mauvaise herbe car il risquerait d’arracher aussi le blé qui est encore entrain de pousser.

Le bien et le mal sont mélangés sur Terre, tout ce qui se passe a des conséquences bonnes et mauvaises. Dieu seul sait les bonnes choses qui se perdraient s’il arrachait d’un coup tout le mal. Dans la parabole, au moment de la moisson, le blé est déjà mûr. On peut tout couper pour en faire le tri. Voilà ce qui arrive au moment de notre mort.

Moi, quand j’étais enfant je me disais que les méchants sont la mauvaise herbe qui ira en enfer et moi le blé qui ira au Ciel. Avec les années j’ai compris que nous avons tous du blé et de l’ivraie à l’intérieur de nous-mêmes. Si nous aspirons à un paradis ou il n’y a pas le mal, il faut qu’on accepte d’arracher de notre âme tous ses égoïsmes. Vous savez aussi bien que moi que c’est un processus pénible et long, qui occupe toute une vie.

Certains préfèrent croire à la purification par la réincarnation. C’est incompatible avec la Résurrection ! En Inde et au Taiwan il y a des populations qui vivent dans la pauvreté dont personne s’en occupe parce que les gens se disent qu’il a sans doûte mérité de se réincarner là et qu’il doit purger les péchés de sa vie précédente.

Nos frères défunts sont maintenant en face d’un Dieu qui est incompatible avec tous leurs égoïsmes. Choisir le paradis suppose de se purifier de tout ce qui pouvait rester de mauvais dans son cœur. La dernière épreuve et la plus douloureuse avant d’entrer dans l’éternité de bonheur.

Ils ont besoin de nos prières plus que jamais et c’est la raison pour laquelle nous sommes là. Quand ils auront arraché leur mauvaise herbe tout ce qui restera c’est tout ce qu’ils ont fait de bon. Le sens chrétien de la mort c’est de finir avec ce qui est mal en nous pour donner une vie éternelle et glorieuse à ce que nous avons fait de bien. Pour alléger le purgatoire de nos défunts, toute l’année on peut faire célébrer des messes pour eux !

Voilà l’espérance chrétienne, la seule qui répond aux aspirations de l’homme depuis qu’il est homme, voilà l’espérance qui vous a poussé jusqu’ici et à laquelle vous avez le droit. Elle n’est pas une fuite de la réalité, de la mort, de la souffrance. Loin de cela, elle est un appel à transformer le monde, à chercher pour nous et pour les autres ce bonheur pour lequel Dieu nous a créés. Et comment faire ? Tout simplement, en arrachant déjà la mauvaise herbe qui est en nous et en faisant sur Terre les actes que nous voulons voir glorifiés dans l’au-delà. Et maintenant, prions pour nos défunts. Qu’ils aillent jusqu’au bout de ce choix et nous puissions les rencontrer un jour au Paradis.

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