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Dieu se sert de papes pécheurs

  • David Homedes
  • 4 mai
  • 7 min de lecture

Homélie avant l’élection d’un pape en 2025




Nous vivons un moment historique. L’heure est grave. Certains craignent un schisme dans l'Eglise, ou du moins, la division entre cardinaux que la Vierge Marie avait prophétisé à Akita (Japon).

 

La Providence de Dieu a voulu que l’élection du nouveau pape tombe juste après le 3ème dimanche de Pâques de l’année C, dimanche pendant lequel on proclame à la messe l’évangile de l’élection du 1er pape, précisément. Le Seigneur veut dire à son Église quelque chose en rapport avec l’actualité :

 

Jésus ressuscité, avant de monter au Ciel confie son troupeau au premier pape : « sois le berger de mes brebis », dit-il à Pierre. Jésus a fini sa mission et passe le relais à Pierre, puis à Lin (2ème pape), puis Anaclet et ainsi de suite jusqu’à Jean-Paul II, Benoît XVI et François, 266ème évêque de Rome.

 

Dans cet épisode, avant de revêtir Pierre de son autorité divine, Jésus ne lui pose qu’une question « m’aimes-tu ? », mais il la pose 3 fois. Vous connaissez la raison :

 

Pierre avait tout quitté pour le suivre. Il l’a logé chez lui, même après que Jésus ait causé un scandale dans la synagogue pour avoir guéri le jour du sabbat. Jésus a guéri sa belle-mère. Jésus a sauvé sa situation financière catastrophique en lui donnant une pêche miraculeuse. Jésus a guéri et exorcisé des centaines de personnes en sa présence. Il a même arrêté une tempête sur sa barque. Pierre a été la seule personne au monde à avoir marché sur l’eau avec Jésus, et aussi le premier à avoir confessé que celui-ci est le Fils du Dieu vivant. Ce jour-là Jésus lui avait promis les clés du Royaume des Cieux et il lui avait promis que le Ciel validerait les décisions qu’il prendrait entant que pape.

Pierre est un des rares témoins de la résurrection de la fille du propriétaire de la synagogue, ainsi que de la transfiguration et de l’agonie de Jésus au jardin des oliviers.

Pierre était fasciné par Jésus. Il l’aimait à la folie! Il a même coupé l’oreille du serviteur du grand prêtre pour défendre Jésus quand celui-ci s’est fait arrêter. Mais quelques heures après, avant que le coq ne chante, Pierre l’a renié.



Quand il a vu Jésus humilié et condamné à mort, il a eu peur et il n’a pensé qu’à sauver sa peau. La passion selon saint Luc, que nous avons entendu le dimanche des rameaux, précise que Jésus l’a regardé immédiatement quand Pierre la renié. Le texte laisse sous-entendre que Jésus n’était pas très loin et qu’il a tout entendu. Imaginez que vous passez par le pire moment de votre vie et que vous entendez votre meilleur ami à côté dire qu’il ne vous connaît pas...

 

Pierre, qui se vantait d’avoir tout quitté pour suivre le messie, découvre, avec honte, qu’il n’a pas le courage de défendre son ami quand celui-ci est en danger, qu’il ne l’aime pas tant que ça. Il a pleuré amèrement. Il a compris pourquoi quelques heures auparavant Jésus lui avait dit « si je ne te lave pas les pieds, tu n’as pas de part avec moi ». Les pieds à l’époque c’était encore plus dégoûtant qu’aujourd’hui. Même les esclaves n’avaient pas obligation de laver les pieds de leurs maîtres. C’était trop. C’est comme si Jésus lui avait dit : tu n’as pas de part avec-moi si tu ne te laisses aimer jusqu’à ta partie la plus salle qui ne sont pas tes pieds mais ton reniement.

 

Trois fois Pierre l’avait renié et trois fois Jésus ressuscité lui demandera « m’aimes-tu ? ». Plus exactement, la 1ère fois Jésus lui demande « Simon, fis de Jean, m’aimes-tu plus que ceux-ci ». A qui fait-il référence quand il dit « ceux-ci » ? A un autre Jean qui est là et qui, lui, a accompagné Jésus au pied de la croix jusqu’au bout : « Toi qui m’as renié, m’aimes-tu plus que lui ? » Si vous prenez le texte original, en grec il y plusieurs mots pour dire « je t’aime », Jésus emploi le terme le plus fort dans la question, mais Pierre répond avec un verbe plus faible. On pourrait traduire « question : Simon, m’aimes-tu vraiment ? – réponse « oui, je t’aime bien, je t’apprécie beaucoup, je ressens de l’affection pour toi... » Ce n’est qu’à la 3ème question que Jésus baisse la barre et emploi le même verbe que Pierre. Et Pierre s’attriste parce qu’il comprend qu’il n’a pas été capable d’aimer Jésus comme Jésus voulait. Mais cette fois-ci il est moins naïf qu’à la cène quand il disait « je donnerai ma vie pour toi ». Il connaît enfin sa misère, il sait qu’il n’est pas capable d’aimer Jésus comme il faudrait mais il le désire. Donc il a tout ce qu’il faut pour être pape : il connaît sa misère et il voudrait aimer vraiment Jésus. Seulement après avoir fait l'expérience de la miséricorde, il deviendra le predicateur imparable des actes des apôtres, qui ne recule pas devant la prison, la flagelation ou même le martyr, bref un saint!

 

Le 1er pape a abandonné Jésus après avoir vécu pendant 3 ans les expériences les plus extraordinaires qu’un être humain n’a jamais vécu avec Jésus. Aucun pape n’a jamais eu la prétention d’être meilleur que Saint Pierre. Même le prochain pape, quel qu’il soit, n’aura pas la prétention d’être meilleur que celui qui a renié Jésus après avoir vu ses miracles pendant 3 ans.

 

Le 1er pape, quelques heures après son Ordination épiscopale, a commis un péché mortel d’apostasie comparable à celui de Judas, et vous imaginez que le prochain pape sera forcément un saint parce qu’il est le successeur de Pierre ? depuis quand être le successeur de Pierre est une garantie de faire mieux que lui ? Je ne sais pas du tout qui ça va être, s'il sera saint ou pécheur. Pierre est devenu saint parce qu’il connaissait sa misère. Prions pour que le prochain pape connaisse la sienne.

 

Le pape, on l’appelle « le saint père » et on s’adresse à lui en l’appelant « votre sainteté » parce que sa fonction est sainte, mais parce que sa personne le soit. Parmi les 266 papes de l’histoire, 81 ont été canonisés, c'est déjà pas mal ! Mais qu'en est-il des 2/3 restants ? Nous avons eu des papes qui couraient après les richesses, les plaisirs et la grandeur. Nous avons même eu un pape qui mettait dans des cages les cardinaux qui ne l’avaient pas voté et les faisait torturer : celui à qui Sainte Catherine de Sienne (que nous venons de fêter) s’adressait en l’appelant « mon doux Jésus sur terre » !

 

Avoir une fonction sainte n’est pas une garantie d’être saint. La plupart des papes ne l’ont pas été, du moins pas au point de se faire canoniser. Certains était très médiocres et la plupart étaient des bons chrétiens avec leurs qualités et leurs défauts, mais pas forcément des saints.

 

A croire aux statistiques et au prédictions de certains mystiques, il se pourrait tout à fait que le prochain pape ne soit pas un saint. Mais je me dis qu’un pape médiocre est peut-être moins à craindre qu’un pape idolâtré. Beaucoup de chrétiens, croient qu’ils doivent toujours admirer ce que le pape fait et être d’accord avec ce qu’il dit. Mais ce n’est pas ça le dogme de l’infaillibilité pontificale.

 

Le pape peut se tromper quand il donne son avis sur un film ou sur la politique, ou sur un sujet d’actualité. Mais à chaque fois qu’un pape a eu tort sur une question théologique ou morale, l'Esprit Saint s’est débrouillée pour qu’il n’engage pas la doctrine officielle de l’Église dans ses erreurs personnelles. Jamais une déclaration dogmatique n’a affirmé quelque chose de faux. Même pendant le pontificat des pires papes, le magistère de l’Église est resté infaillible. Quand j'étais séminariste, en faisant de la théologie fiction en cours d'ecclésiologie, quelqu'un avait demadé au prof que se passerait-il si un jour un pape venait à contredire un dogme promulgué par ses prédécesseurs. Il nous avait répondu qu'ipso facto il cesserait d’être pape. Mais ce n’est jamais arrivé! Jésus l’avait promis au 1er pape : sur cette pierre je bâtirai mon Église et les portes de l’enfer ne l’emporteront pas sur elle.

 


 

En résumé : on n’obéit pas au pape parce qu’il est saint, la plupart ne l’ont pas été. On n’obéît pas au pape parce qu’il soit infaillible, car il l’est seulement quand il fait une déclaration dogmatique. On obéît au pape parce qu’il est le successeur de Pierre et ce n’est pas pour rien que, dans l’évangile, la barque de Pierre survit toujours aux tempêtes. Dans l’histoire, tous ceux qui ont quitté la barque de Pierre en dénonçant les péchés du pape avec la prétension de fonder « l’église des purs », ont fini par fonder des sectes qui n’ont pas duré. Seule l’Église catholique a la promesse de Jésus de tenir jusqu’à la fin du monde.

 

La seule chose qui justifie une désobéissance c’est si l’autorité légitime vous demande de faire quelque chose que votre conscience morale vous dit être mal. Ni votre curé, ni l’évêque, ni le pape ont plus d’autorité que Dieu qui vous parle à travers votre conscience morale. Dans un cas pareil, vous auriez le devoir de vous mettre en question (parce que vous pouvez quand même vous tromper) mais jamais vous aurez le devoir d’agir contre votre conscience. Mais j'espère bien que jamais on en arrivera là. J’espère qu’on aura un bon pape. En tout cas on a un bon évêque ici.

 

Les reniements de Pierre sont un des très rares épisodes qui sont rapportés dans les 4 évangiles, même l’institution de l’eucharistie ou la naissance de Jésus n’apparaissent pas dans les 4 évangiles. Or, les évangiles ont été écrits pendant le Pontificat de ce 1er pape, et le premier évangile à avoir été écrit apparemment serait celui de Marc, qui était le secrétaire de St Pierre. Autrement dit, le premier pape a bien voulu, que l’évènement le plus honteux de sa vie soit raconté à chaque biographie que l’on écrira sur Jésus de son vivant. C’est comme si pendant le Pontificat du pape François on devait publier un catéchisme de l’église catholique qui deviendra le livre de référence pour les siècles avenir et que le pape François avait souhaité que ses pires péchés soit un récit incontournable qui ne peut être omis quel que soit la version abrégée que l’on édite de ce livre de référence mondiale. Ça veut dire que c’est un évènement incontournable, qu’il n’y a pas de vie chrétienne possible si tu ne te laisses pas aimer par Jésus dans ta misère ! Alors, prenons exemple de Pierre et laissons-nous aimer par Jésus dans notre misère.

 
 
 

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