La droiture de Jésus est telle qu’il est impossible de le piéger. Il se fait interroger en présence des gens qui sont pour l’empire romain et des gens qui sont contre, de façon à ce qu’il soit en difficulté quel que soit la réponse. Mais Jésus n’est pas du genre à dire ce que son interlocuteur veut entendre. Jésus n’est pas un politicien qu’on peut piéger parce qu’il dit une chose ou son contraire en fonction de son interlocuteur.
Les partisans d’Hérode, et donc de Rome, ne peuvent rien lui reprocher parce qu’il dit de payer l’impôt. Mais attention : les pharisiens, qui sont contre Rome, ne peuvent rien lui reprocher parce que sa réponse est tout sauf une soumission à la domination romaine. Les Paroles de Jésus sont imbattables : « rendez à César ce qui appartient à César ». Autrement dit : "cette pièce d’argent avec l’effigie de l’empereur gravée dessus est une pièce romaine, elle appartient donc à l’empereur des romains. Elle n’a aucune valeur pour moi car je ne suis pas romain! César a décidé que les échanges commerciaux se feraient avec des pièces d’argent qui portent son effigie gravée et que tel pièce aurait telle valeur ; mais moi, juif, je refuse de lui donner cette valeur et je lui rends son argent car je suis souverain et je ne dois rien à personne". Le véritable acte de liberté consiste à se débarrasser de l’argent sale du colonisateur.
Peut-être des opposants à l’empire refusaient de payer et gardaient le denier pour eux et, du coup, ils rendaient légitimes les représailles car ils gardaient chez eux une pièce fabriqué à Rome en y reconnaissant la valeur que les romains ont voulu lui donner. Si Jésus avait refusé de payer, il aurait reconnu que cette pièce d’argent a bien la valeur monétaire que l’empire étranger lui a donné et donc il lui aurait donné une légitimité.
Je ne peux pas rejeter un dictateur si je ne rejette aussi ses cadeaux. Tant que je convoite les richesses de l’ennemi, je suis sous sa coupe, je suis comme celui qui ne veut pas de l’empereur mais qui convoite la pièce d’argent qui porte son effigie.
Le monde moderne a aussi des dictateurs idéologiques et des gens qui s’y soumettent sans se rendre compte, car ils gardent leur sale argent en lui accordant une valeur qu’il ne devrait pas avoir.
Je ne sais si vous mesurez la brulante actualité de ce système d’emprise matérialiste. Je vais vous donner des exemples. Pour que personne ne se sente visée, je vais commencer par vous citer mes propres incohérences.
Entant que chrétien je m’oppose au Trans-humanisme, une idéologie qui promet à peu près les mêmes choses que le serpent promettait à Ève avant le 1er péché. Un des plus grands promoteurs du Trans-humanisme est le propriétaire d’Amazon, multinationale d’achat sur internet. Avant la crise du Covid, le fondateur d’Amazon était l’homme le plus riche au monde. Pendant les confinements, avec la fermeture des commerces non essentiels, la moitié de l’humanité ne faisait ses courses que sur internet, à Amazon. Alors que son PDG était l’homme le plus riche au monde il a doublé sa richesse, mais il n’est pas le seul milliardaire trans-humaniste qui a doublé sa fortune car d’autres l’ont dépassé.
Avec cette fortune colossale, Amazon a créé, entre autres, la série du Seigneur des Anneaux, qui a été le plus grand investissement financier de toute l’histoire du cinéma. Jamais un film ou une série a déployé de tels moyens et une telle dépense. Et moi, incohérent qui ai tellement déploré la faillite des petites entreprises qui se sont fait écraser par Amazon, j’ai quand même suivi avec beaucoup d’enthousiasme la série du Seigneur des Anneaux qui en est le fruit.
Il faudrait que cette année à Noël tous les chrétiens boycottent les produits venant de multinationales qui exploitent les pauvres ou la nature.
Combien de personnes se disent écologiques mais sont clients de ses multinationales. On pourrait citer aussi des chrétiens qui se battent contre la culture wok, car elle inverse toutes les valeurs traditionnelles, mais qui sont clients de Netflix ou de Disney plus qui en font la propagande...
Un autre exemple, celui-ci grossier, du refus de l’empereur tout en convoitant sa pièce de monnaie :
Un artiste black que vous connaissez très bien, qui s’est battu toute sa vie contre le racisme et qui vers la fin de sa vie s’est fait opérer pour devenir blanc. Quel aveu absurde d’infériorité si les noirs doivent devenir blancs pour être leurs égaux ! quelle humiliation injuste pour sa race !
L’exemple est caricatural mais figurez-vous qu’il arrive la même chose avec la lutte féministe qui depuis un demi-siècle ne cesse de masculiniser les femmes ! Regardez l’évolution du cinéma. Quand j’étais petit, on regardait les dessins animés de Popeye. Le rôle de Popeye était de manger des épinards pour devenir fort et sauver Olivia, tandis que le rôle d’Olivia consistait seulement à crier « au secours ».
Puisque les femmes et les hommes sont égaux en dignité, les rôles féminins dans les films sont devenus de plus en plus guerriers. Dans les films récents, comme Wonder Woman ou Hunger Games, un film que j’aime beaucoup, malgré tout, certaines femmes sont plus fortes que les hommes à tout point de vue et n’ont pas besoin d’eux. Du coup, le message que ces films envoient aux jeunes filles est encore pire que celui de Popeye : « tant que tu ne seras pas physiquement plus forte qu’un homme tu lui seras inférieure ». Mes amis, une femme n’a pas besoin de renoncer à sa féminité pour avoir la même dignité que l’homme ! Elle a une autre forme de force !
Au bout d’un demi-siècle de lutte féministe, jamais les femmes n’ont autant été les objets sexuels d’une société ultra-érotisée. Cela parce que les revendications féministes restent souvent prisonnières d’un système érotique et d’une logique de comparaison et de lutte des classes qui voient les rapports entre les hommes et les femmes comme des rapports de force et de concurrence et ne pas comme des rapports de complémentarité et de service mutuel.
On pourrait développer davantage ces exemples ou en citer d'autres. Combien de débats sociétaux aujourd’hui restent sur un plan superficiel et ne se posent pas les vraies questions parce qu’ils ressemblent à ceux qui refusent César tout en convoitant sa pièce d’argent. L’Empereur étant aujourd’hui le matérialisme! Il faudrait oser rendre à César son sale argent, dire à certains lobbies qu’on ne veut pas du soi-disant bien-être et qualité de vie qu’ils nous offrent.
Je me suis permis cette réflexion parce qu’aujourd’hui c’est la St Jn-Paul II, qui a combattu les idéologies matérialistes modernes et qu’en ce moment l’Église est réunie en synode sur la synodalité. Le concile Vatican II appelait synodalité la façon dont le pape, successeur de Pierre, ne prend pas les décisions seul, mais en consultant l’ensemble des évêques, successeurs des apôtres. Synodalité ça veut dire collégialité.
Puisque le sujet de la réunion c’est la collégialité, une consultation a été faite à échelle mondiale et les gens qui n’ont pas la formation théologique et la vie spirituelle d’une personne consacrée se sont fait les porte-paroles de toutes les idéologies matérialistes que nous prêchent les médias. Rien qu’à échelle de notre diocèse, c’est aberrant les revendications idéologiques que l’évêque a été contraint de faire remonter à Rome. Elles me font penser à ces pharisiens qui refusaient l’empire romain mais qui ne voulaient pas lui rendre son argent et qui attendaient un messie politique qui leur ferait la guerre. Mais Jésus n’est pas venu sur Terre pour résoudre la situation politique de la Palestine du 1er siècle. Aujourd’hui, 2000 ans après on se réjouit que Jésus ne soit pas venu pour ces questions dépassés mais pour nous sauver du péché, qui est la véritable racine de tous les problèmes de notre société.
De même, beaucoup de personnes voudraient que l’église s’engage dans tel combat politique ou dans tel problème sociétal d’aujourd’hui qui dans un siècle n’intéressera personne. Je ne sais pas comment le synode va gérer toutes les revendications qui ont été remontées et qui viennent de personnes plus ou moins influencées par les courants de pensée de notre temps. Je ne sais pas comment l’Église pourra rester fidèle à l’évangile sans provoquer une frustration générale. L’Église n’est pas un parti politique qui modifie son discours pour plaire à ses électeurs. L’Église se doit de transmettre fidèlement la doctrine que Jésus nous a enseigné pour sauver nos âmes. Le monde voudrait influencer l’Église comme si elle était arriérée alors que c’est le monde qui est arriérée par rapport à l’Église.
Je ne veux pas une église moderne, une église super cool, une église au service de tel combat politique ou sociétal, je ne veux pas une autre Église que celle que Jésus a fondé ! Pour ma part, je rendrai à César ce qui est à César, c’est à dire, ses idéologies ; et je rendrai à Dieu ce qui est à Dieu, c’est à dire, mon âme et ma conscience.
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