Homélie sur la Primauté du Pape (Mt 16)
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L'évangile d'aujourd'hui parle de la primauté de Pierre, le premier pape. C'est un sujet de grande actualité car je ressens de plus en plus un malaise chez certains catholiques vis-à-vis du pape. Certains sont mal alaise avec François, et d’autres étaient mal alaise avec Benoît XVI. Certains sont gênés par leurs différences et se demandent comment l’Esprit Saint peut susciter deux papes si différents. Cela semble contradictoire. Alors certains minimisent leur différences et d’autres se demandent lequel des deux n’a pas été élu par Dieu. Il y a deux écueils à éviter : le premier c’est d’obéir seulement au pape qui me plaît, et le deuxième c’est de culpabiliser si on est en désaccord. On a le droit d’obéir tout en étant en désaccord. Pour expliquer cela, je reviens à l’évangile d’aujourd’hui.
Cet épisode se trouve au milieu de l’évangile selon St Matthieu. Jésus s’apprête à monter pour la dernière fois à Jérusalem. Il sait que sa mission touche à sa fin et il cherche un relais, quelqu’un à qui confier cette Église qu’il est en train de fonder, quelqu’un qui a reçu du Père la vraie foi, celle à laquelle devront adhérer tous les chrétiens. L’Église doit être une « maison bâtie sur le Roc », qui résiste à tous les orages.
Pendant ces 3 ans de prédication, exorcismes et miracles, Jésus n’avait qu’un but : pouvoir un jour leur poser cette question, comme une sorte d’examen final : pour vous qui suis-je ?
La réponse de Pierre couronne la 1ère moitié de l’évangile. Jésus atteste que c’est Pierre, la personne à qui le Père a révélé la vraie foi, la personne choisie pour être le premier pape. Et voilà la réponse de Jésus : « tu m’as dit qui je suis, à mon tour, je te dis qui tu es : tu es la pierre sur laquelle je bâtirai mon Église indestructible ».
En effet, tous les grands empires se sont écroulés, toutes les grandes idéologies, institutions, entreprises, courants de pensée... mais l’Église est cette maison fondée sur le Roc qui traverse les époques jusqu’à la fin de temps. Toujours fidèle au message du Christ, qu’il soit à la mode ou pas. La foi de Pierre ne change pas pour faire plaisir aux nouvelles générations !
Jésus n’a pas voulu que son Église soit un parti politique soumis à l’arbitraire des hommes. Il ne veut pas que l’interprétation de la bible soit soumise à des opinions changeantes, mais à une autorité objective institué par lui-même. Il a y des nombreuses églises évangéliques avec différentes interprétations de la bible. Mais Jésus n’a fondé qu’une seule Église, et cette Église n’a pas la libre interprétation de la bible parce qu’elle a comme pape le successeur de Pierre, à qui Jésus a donné autorité pour définir la vraie foi.
Oui. Pierre a fondé la communauté chrétienne de Rome. Après son martyr, un évêque appelé Lin l’a succédé comme deuxième pape. Puis Anaclet, Clément, Évariste, Alexandre et ainsi de suite jusqu’à Jean-Paul II, Benoît XVI et François : 266ème évêque de Rome !
Et n’oubliez pas que les évêques catholiques et Orthodoxes sont successeurs des apôtres ! Par exemple, St Iréné de Lyon, le premier évêque français, a été Ordonné par Saint Polycarpe, qui avait été Ordonné par l’apôtre Jean !
Pierre est la 1ère personne à qui Jésus dit : « tout ce que tu auras lié sur la Terre sera lié dans les cieux ». Jésus s’engage à valider les décisions du pape, successeur de Pierre, car sa foi ne lui a pas été révélé par la chair ni par le sang mais par le Père des Cieux, et Jésus lui-même dira à une autre occasion qu’il a prié pour que la foi de Pierre de défaille jamais. Voilà pourquoi, les rares fois où le pape parle ex cathedra, c’est à dire, qu’il engage son autorité pour définir la foi et la morale chrétienne après avoir consulté les évêques successeurs des apôtres, nous croyons qu’il ne peut pas se tromper. C’est ce qu’on appelle l’infaillibilité pontificale.
Mais attention à ne pas être plus papistes que le pape. La dernière fois qu’un pape a fait une déclaration dogmatique c’était le 1er novembre 1950 pour le dogme de l’Assomption, que nous fêtons le 15 août. Le reste du temps il peut se tromper, mais ce n’est pas une raison pour désobéir. Le pape a un conseil de théologiens autour de lui qu’il consulte quand il doit donner son avis sur une question doctrinale ou morale. Mais quand il a tort sur un sujet, l’Esprit Saint se débrouille pour que jamais il n’engage le magistère de l’Église dans son erreur. C’est tout !
Donc deux papes peuvent tout à fait penser différemment et ce n’est pas une contradiction de l’Esprit Saint. En revanche, aucun pape ne peut faire une déclaration dogmatique qui renierai un dogme promulgué de façon infaillible par ses prédécesseurs (ce qui n’est jamais arrivé). Même les papes les plus atroces de la renaissance n’ont jamais modifié la morale de l’Église pour justifier leurs mœurs à eux.
C’est vrai que François et Benoît XVI sont très différents. Je pense que l’Esprit Saint fait exprès de nous donner des papes différents parce que chacun apporte une chose différente à l’Église. Benoît XVI a sauvé plusieurs perles de l’Église d’avant Vatican II qui ont failli tomber dans l’oubli, tandis que François a sauvé ce qui méritait d’être sauvé dans les courants les plus modernes. Les cathos de droite ont fait la morale aux cathos de gauche pendant le pontificat de Benoit XVI et maintenant c’est à eux d’apprendre à obéir un pape qui n’est pas de leur courant.
Un pape peut appartenir à un courant différent du notre sans pour autant être un mauvais pape. Ce n’est pas le pape qui doit nous plaire mais nous qui devons plaire au pape ! Et même si on avait un mauvais pape, ce n’est pas une raison pour désobéir. Au XVème siècle on a eu un pape qui torturait les cardinaux qui ne l’avaient pas voté et les promenait dans des cages ! Donc ne soyez pas choqués par les défauts du pape François ou de Benoit XVI.
Un pape peut faire des erreurs, sauf les rares fois où il fait des déclarations dogmatiques, c’est à dire, une fois tous les 100 ans. Et pourtant, même quand il se trompe, nous ne nous trompons pas en obéissant, sauf s’il nous oblige à agir contre notre conscience. Cela vaut pour le pape, les évêques et même le curé. Il est préférable de nous tromper tous ensemble plutôt que de provoquer un schisme en prétendant fonder « l’Église des purs ». Toutes les sectes chrétiennes sont nées de cette mauvaise prétention.
En résumé : on n’obéit pas au pape parce qu’il est du même courant que nous, ni parce qu’il est saint, ni parce qu’il soit infaillible (car il est rarement infaillible). On obéit au pape parce qu’il est le successeur de Pierre !
Donc je vous invite à vous former pour connaître et adhérer à tous les dogmes catholiques, qui ne sont pas arbitraires mais d’inspiration divine.
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