Homélie 25ème dim du Temps Ordinaire B
Lectures messe : https://www.aelf.org/2018-09-23/romain/messe
(Sg 2, 12.17-20) (Ps 53 (54), 3-8) (Jc 3, 16 – 4, 3) (Mc 9, 30-37)
Les apôtres ne comprirent pas mais ils n’osaient pas lui poser des questions
Pourtant Jésus est très clair :
« Le Fils de l’homme est livré aux mains des hommes ; ils le tueront et, trois jours après sa mort, il ressuscitera. »
Si la phrase n’était pas claire ils lui auraient posé la question mais ils ont peur de leur poser la question et que Jésus leur réponde qu’ils ont bien compris, que ce n’est pas une parabole, que ce n’est pas une façon de parler, que c’est bien ce qui va lui arriver.
La souffrance injuste a toujours été un tabou. Jésus vient de confirmer à Pierre qu’il est le messie, si Dieu bénit les justes et punit les méchants, comment la mission du messie pourrait terminer par un tel échec ?
Ils se disent que sans doute ils ont dû mal comprendre et ils ne veulent pas lui poser des questions, parce qu’inconsciemment ils ne veulent pas en savoir plus. C’est un tabou.
Ils iront jusqu’à changer de sujet, revenir à ce rêve de grandeur que Jésus vient de bafouer, et se quereller pour savoir lequel d’eux est le plus grand. La 2ème lecture d’aujourd’hui en dit beaucoup aussi sur nos querelles motivées par des passions égoïstes. Il parait que tous les conflits et toutes les guerres de l’histoire ont eu les mêmes 3 origines : la quête de plaisir, d’argent ou de pouvoir. Voilà les 3 traces du péché originel en nous, dont les remèdes, ce sont les vœux de chasteté, pauvreté et obéissance.
L’année dernière, dans le cadre de ma formation diaconale, j’ai fait une session à la Castille sur l’écoute active. La formatrice était conseillère conjugale. Elle nous parlait des couples en crise où l’un des deux demande le divorce et l’autre tombe des nues parce qu’il était persuadé que tout allait bien. Depuis des années, son conjoint lui faisait comprendre que ça n’allait pas, mais c’était trop dur à entendre. « J’ai dû mal comprendre », « ce n’est sans doute pas ce qu’il voulait dire », « elle exagère » ...
On appelle cela, les « mécanismes de défense » face à un tabou. Quand quelque chose est trop dure à entendre, ou quand quelqu’un nous prouve qu’on a tort, notre inconscient fait exprès d’oublier ce qu’il a entendu ou de le réinterpréter.
D’après elle, beaucoup d’enfants victimes d’atrocités essayent d’en parler à un adulte mais l’adulte ne capte pas les indirectes parce que son inconscient trouve ce message trop atroce pour être vrai. C’est un tabou. Apparemment, il ne faut pas en parler !
Mais ça vaut aussi, pour les reproches, les corrections qu’on n’a pas envie d’entendre...
Avouons-le. On a tous des bonnes raisons pour croire ce qu’on a envie de croire et pour ne pas croire ce qu’on n’a pas envie de croire. On ne cherche pas toujours la vérité.
Jésus est la vérité, et il a promis : celui qui cherche, trouve. Si nous avons du mal à écouter sans aprioris les personnes qui nous dérangent, combien plus, nous avons du mal à écouter Jésus.
Si Jésus s’est fait tuer c’est parce qu’il dérangeait. La 1ère lecture le dit bien :
Ceux qui méditent le mal se disent en eux-mêmes : « Attirons le juste dans un piège, car il nous contrarie,
Et le deuxième lecture :
Vous êtes pleins de convoitises et vous n’obtenez rien, alors vous tuez ; vous êtes jaloux et vous n’arrivez pas à vos fins, alors vous entrez en conflit et vous faites la guerre. Vous n’obtenez rien parce que vous ne demandez pas ; vous demandez, mais vous ne recevez rien ; en effet, vos demandes sont mauvaises, puisque c’est pour tout dépenser en plaisirs.
Combien de personnes ne s’adressent à Dieu que pour lui demander des choses, au lieu d’écouter ce qu’il a à nous demander !
Une petite histoire tirée du parcours alpha : Quelqu’un en sortant de la prière demande au bon Dieu « pourquoi, quand je viens à la prière, je suis le seul qui parle » et Dieu lui répondit « parce que d’entre nous deux, moi, je suis le seul qui écoute ».
Je suis persuadé que Dieu nous parlerait plus souvent si on était vraiment disposés à écouter ce qu’il a à nous dire. Mais notre cœur ne veut pas l’entendre parce qu’il nous parle de la croix, d’être le dernier et le serviteur de tous.