Homélie mercredi des cendres
dans la 1ère lecture d’aujourd’hui, le prophète Joël nous dit:
Sonnez du cor dans Sion :
prescrivez un jeûne sacré, annoncez une fête solennelle,
réunissez le peuple, tenez une assemblée sainte,
rassemblez les anciens,
réunissez petits enfants et nourrissons !
Oui mes frères et soeurs, aujourd’hui est un grand jour. La nouvelle Sion c’est l’Eglise qui aujourd’hui dans le monde entier annonce un jeûne sacré. Un cadeau du Seigneur qui prépare nos coeurs à accueillir ce qu’il voudra nous donner à Pâques.
Pendant toute l’année le diable essaye de gagner du terrain en nos âmes et notre combat consiste à résister. En carême non seulement nous défendons notre territoire mais nous essayons de conquérir du nouveau terrain. Je m’explique : pendant tout l’année on lutte pour se priver des choses qui sont mal, mais pendant le carême on essaye aussi d’être libres par rapport aux envies qui ne sont pas forcément péché. Par exemple, moi quand j’étais petit, en carême je me privais de bonbons. En soi il n’est pas péché de manger des bonbons, mais j’y étais tellement attaché, que je ne concevais pas une vie sans bonbons. Grâce au Carême j’évitais que ce plaisir légitime devienne une addiction. Le carême sert à nous rendre plus libres, à ne pas être des hommes qui deviennent insupportables dès qui leur manque un certain confort.
je voudrais vous lire un texte un peu osé que j’ai trouvé sur internet:
Le jeûne par le cœur : Le jeûneur n’observe pas une attitude négative qui vise à réprimer les envies et à s’abstenir de faire du mal. Il va plus loin pour adopter une attitude positive qui lui permet de faire du bien. De transformer le sentiment de la faim en un désir de partage, la privation en un élément de surpassement et de miséricorde envers ses semblables.
Son cœur jeûne et jaillit d’amour et d’humilité. C’est ainsi que le corps suit et s’adonne à l’adoration et aux actes de bien. Les personnes qui atteignent ce degré d’adoration en tirent profit pour toute l’année.
Le vrai sens du jeûne est de réfréner ses pulsions négatives, de porter son ego à rompre avec ses habitudes, d’atténuer l’ardeur de ses désirs pour la préparer à ce qui lui apportera bonheur et félicité, de lui faire accepter ce qui l’aidera à purifier son cœur. En effet, derrière le jeûne se dessine toute la logique du rapprochement à Dieu.
Ce texte vous a plu? Ce qui est décevant dans ce texte, c’est que ce n’est pas un chrétien qui parle! C’est un imam musulman qui prêche le ramadan!
Les musulmans ont aussi cette dimension du jeûne comme purification des envies de notre corps qui attachent trop notre âme. Alors, quelle est la particularité du jeûne chrétien?
La particularité, c’est Jésus en Croix qui nous sauve. La particularité c’est qu’après le carême nous fêtons pâque. et ça change tout! je m’explique:
Dans toutes les religions l’homme constate qu’il a des envies égoïstes dans son corps, et il cherche à se perfectionner pour attendre le paradis. Saint Paul dans la lettre aux Galates, résume toute la bible en disant que Dieu a donné la Loi de Moïse pour qu’on sache ce qu’on doit faire, mais que jamais personne n’a réussi. Il explique ensuite, que cette Loi sert à nous rendre conscients de notre incapacité à entrer au Ciel, du décalage infini entre ce que nous sommes et ce que nous devrions être. Enfin, il explique que justement pour cela Jésus est venu nous sauver. Ceux qui ont accueilli Jésus, ce sont ceux qui étaient conscients de leurs péchés et désireux d’un sauveur. Ceux qui l’ont fait crucifier ce sont ceux qui se croyaient justes.
Le carême commence avec une invitation à la pénitence et termine avec la semaine sainte. Le Jeudi Saint, Saint Pierre ne veut pas que Jésus lui lave les pieds. Il trouve ça trop humiliant. Il est trop fier de lui, il promet à Jésus de le suivre jusqu’à la mort, mais juste après, il le reniera. C’est là qu’il comprendra qu’il est pécheur et qu’il n’entrera pas au Ciel s’il n’apprend pas à se laisser pardonner, à se laisser laver les pieds. Rappelez-vous Adam, qui mange de l’arbre de la connaissance pour être comme Dieu, et qui après se cache de Dieu au lieu de se jeter dans ses bras de miséricorde. C’est cela le péché.
Dans toutes les religions l’homme cherche à mériter le Ciel par lui-même, et constate qu’il n’y arrive pas. Dans le Christianisme ce n’est pas l’homme qui doit monter jusqu’à Dieu, mais Dieu qui est descendu jusqu’à nous. Apprendre à se laisser aimer c’est encore plus difficile, car c’est humiliant. Voilà pourquoi Jésus dit qu’il faut être comme des enfants pour entrer au Royaume de Dieu.
Conclusion, l’homme doit faire l’expérience de sa faiblesse pour apprendre à accueillir la miséricorde. Jésus a pris tous nos péchés sur lui à la Croix une fois pour toutes. Mais à chaque pâque, il applique ce Salut à un aspect de notre vie.
Cette année, à Pâques, Dieu veut vous libérer d’un péché dont vous êtes incapables de vous débarrasser par vous-mêmes. Mais vous ne pouvez pas accueillir cette Grâce si vous ne faites pas d’abord l’expérience du combat spirituel. Le carême sert à disposer nos cœurs à accueillir le salut que Dieu veut nous donner à Pâques.
La petite Thérèse comparait cela à un bébé qui veut monter un escalier et n’y arrive pas. Son Père ne fait pas le travail à sa place. Il le laissera se dépasser. Le bébé essaiera des dizaines de fois de lever le pied pour monter les marches sans résultat. Quand il aura donné le meilleur de lui-même, le papa finira par craquer et descendre pour le prendre dans ses bras pour le faire monter. C’est Dieu qui nous sauve, mais il n’interviendra pas si nous ne donnons pas le meilleur de nous-mêmes. 3 armes pour le combat spirituel : jeûne, aumône et prière.
Alors, tout en sachant que c’est Jésus qui vous sauve sur la Croix, je vous invite à prendre des fortes résolutions pendant ce carême, de repérer vos points faibles et de ne rien consentir à vos penchants mauvais. C’est en donnant le meilleur de vous-mêmes que Jésus peut faire le reste et vous rendre des saints.
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