J’espère que vous êtes en colère, ou que du moins vous êtes profondément attristés. Oui, vous avez bien entendu. J’espère que vous trouvez cela révoltant, car ça l’est. Moi, en tout cas, je trouve cela révoltant.
En lisant vos très nombreux hommages je trouvais révoltant que cet homme parte si tôt. Combien parmi vous témoignent qu’il vous a marqué à vie ! Il y a des nombreuses personnes dans cette église pour qui la rencontre avec Monsieur Carpentier a marqué un avant et un après dans leur parcours étudiant ou professionnel. Combien ont réussi parce que Monsieur Carpentier croyez en eux et se dévouait pour qu’ils aient leur chance ! Ce n’est qu’un exemple parmi des dizaines et des dizaines. Rouvière aurait dû bénéficier de cet homme jusqu’à sa retraite ! Combien de jeunes il aurait pu encore aider à trouver leur place dans la vie.
Mais bien sûr, la perte la plus révoltante est celle de sa famille. Jamais un père ne devrait partir en laissant ses enfants si jeunes. Et surtout, jamais un enfant ne devrait partir avant ses parents...et pourtant cela arrive bien plus souvent que vous ne le croyez...
Vous savez pourquoi la mort nous paraît insupportable ? parce que nous sommes faits pour la vie ! Donc, je vous félicite si vous êtes profondément attristés, c’est la preuve que vous n’êtes pas faits pour la mort.
Face à un décès si brutal, nous avons besoin de défouler notre colère, de trouver un coupable, de pouvoir dire à quelqu’un : c’est ta faute !!! Mais la plupart du temps il n’y a pas de meurtrier, chacun a fait de son mieux et le drame arrive comme une fatalité de la vie. La famille Carpentier n’a rien fait pour mériter une telle épreuve, c’est injuste.
Si nous n’avons pas un coupable pour le haïr, alors notre colère se tourne vers Dieu. « Il est Tout-Puissant, il aurait pu faire quelque chose ! » dit-on, et Dieu accepte d’être notre bouc émissaire. Il accepte d’être tenu pour coupable alors qu’il n’y est pour rien dans nos malheurs. Dieu se laisse insulter parce qu’il accepte que nous ayons besoin de défouler notre colère contre quelqu’un.
Moi aussi je me révolte face à la mort mais cela ne m’empêche pas de faire confiance à Dieu. Les drames que j’ai pu vivre dans ma vie ne m’ont jamais empêché d’avoir confiance en Dieu et je n’ai jamais regretté de lui faire confiance. Dieu m’a souvent montré qu’il était là. Le jour où j’ai décidé de croire en un Être suprême, par ce fait, j’ai accepté que cet Être me dépasse et que je n’ai pas besoin de tout comprendre pour lui faire confiance. Si Dieu était assez petit pour entrer dans mon cerveau il ne serait pas Dieu !
La bible dit que Dieu n’a pas voulu la mort, que Dieu avait rêvé pour chacun de nous une vie éternelle, un bonheur éternel. Mais ce monde est devenu un lieu de souffrances à cause de nos méchancetés et Dieu nous fait le cadeau de pouvoir le quitter un jour, de recevoir l’immortalité dans son paradis et ne pas dans notre monde de souffrances.
Mais pour que le Ciel reste un paradis il faut que le mal n’y entre pas. Or, nous avons tous des choses à purifier et nous sommes là aujourd’hui, parce que nous croyons que nos prières aident Sébastien à purifier ce qui ne serait pas encore prêt à voir Dieu.
J’espère que mes histoires ne vous suffisent pas et que vous êtes toujours attristés face à la mort. La mort nous paraît insupportable, parce que Dieu nous a fait pour la vie éternelle ! Tout homme, face à la vie, à l’amour, il sent qu’il est fait pour cela. Alors que tout homme se révolte face à la souffrance, à la mort. « Ce n’est pas possible qu’il n’y ait rien après la mort », dit-on.
L’homme de tous les temps, quel que soit sa culture ou sa religion, enterre ses morts avec un rite qui exprime une espérance dans un au-delà. Vous savez pourquoi ? parce que nous sommes comme une chenille qui rêve de voler parce qu’elle est faite pour devenir papillon. L’homme de tous les temps rêve d’un au-delà parce que nous sommes faits pour l’au-delà, de même que la chenille rêve de voler parce qu’elle est faite pour devenir un papillon !
Permettez-moi d’illustrer notre espérance par une histoire :
Il était une fois deux jumeaux dans le ventre de leur maman. Ils s’appelaient Pim et Pom. Pim disait à son frère : « j’ai rêvé que notre corps était fait pour un monde différent de cet utérus, que nos pieds servaient à marcher, notre nez à respirer de l’air et qu’on se nourrissait par la bouche et ne pas par le cordon ombilicale ». Mais son frère lui disait « tout cela n’existe pas, personne ici ne l’a jamais vu ». Le jour de la naissance est arrivé et Pom est parti en premier. Alors Pim était triste parce qu’il se demandait s’il avait perdu son frère à tout jamais ou s’il y avait bien un monde au-delà de cet utérus. Il trouvait très longues les minutes qui ont séparé une naissance de l’autre. A échelle de leur courte vie, quelques minutes c’est beaucoup de temps. Pourtant, leur vraie vie ne faisait que commencer...
Chère famille Carpentier : La vraie vie de Seb n’a fait que commencer, nous le rejoindrons un jour. En attendant, vous trouvez peut-être très longues ces dizaines d’années où vous allez être séparés, mais à échelle de l’éternité, ce n’est rien. Quand ce fera 1000 ans qu’on est dans la maison de Dieu, vous vous rappellerez de ces années sur terre où vous avez été séparés et vous en rigolerez. Ce sera comparable aux minutes qui séparent les naissances de deux jumeaux.
En attendant les retrouvailles, comment faire pour bien vivre ses quelques années de distance qui vous restent à vivre ? Tout simplement, faites tout pour qu’il soit fier de vous. Là où il est, il nous voit, donc vivez chaque jour de sorte qu’il soit fier de vous, car je le sais, vous, vous êtes fières de lui.
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