Lectures messe : https://www.aelf.org/2018-09-09/romain/messe
(Is 35, 4-7a) (Ps 145 (146), 6c-10) (Jc 2, 1-5) (Mc 7, 31-37)
Lors de ma 1ère année en France, je ne parlais pas encore français. Et c’était dur d’être entouré des gens qui parlent entre eux, tout en étant moi-même à l’écart de leurs discussions. Je me suis dépêché d’apprendre le français et cette situation n’a pas duré. Mais j’ai compris le drame de sourds-muets. D’après les spécialistes, il parait qu’ils souffrent de leur handicap bien plus que les aveugles, car c’est un besoin fondamental de l’homme, que d’être en relation.
Jésus dit au sourd-muet “éfféta” c’est à dire “ouvre-toi” et les oreilles du sourd-muet s’ouvrirent, ainsi que sa bouche. Ce fut le premier mot qu’il entendit de toute sa vie. Et il ne l’a sans doute jamais oublié.
Je suis frappé par le fait que l’évangéliste, qui a écrit le récit en grec, exceptionnellement, cite d’abord le mot araméen que Jésus a prononcé, puis, il le traduit. Je ne peux pas m’empêcher de penser que dans ces 1ères communautés chrétiennes où l’évangile a été rédigé, il y avait ce sourd-muet qui témoignait de ce 1er mot que ses oreilles ont entendu et qu’il n’oubliera jamais.
Depuis, c’est devenu un rite de préparation au baptême. Aussi bien, sur les bébés, que sur les catéchumènes adultes, le prêtre prononce ce mot en faisant un signe de croix sur la bouche et les oreilles du futur baptisé. Je vous lis la prière qu’il prononce :
« Éfféta », c’est à dire « ouvre-toi », le Seigneur Jésus a fait entendre les sourds et parler les muets, qu’il te donne d’écouter sa parole et proclamer la foi pour la louange et la Gloire de Dieu le Père.
Ouvrez bien vos oreilles à cette parole qui a été prononcée sur vous avant votre baptême, alors que vous n’étiez ni sourds ni muets. L’Église a prié pour que les yeux, les oreilles et la bouche de votre âme s’ouvrent à Dieu avant le baptême. Plus exactement, elle a demandé que vos oreilles écoutent la parole de Jésus et votre bouche proclame la foi. Comme le sourd-muet de l’évangile : la 1ère parole qu’il a entendue a été celle de Jésus et il en a témoigné jusqu’à ce que cette parole apparaisse dans les récits évangéliques qui encore aujourd’hui se lisent dans le monde entier, 2000 ans après...
Ce n’est pas facultatif, tout baptisé doit écouter la Parole de Dieu et proclamer la foi.
Je suis touché que la Providence m’ait demandé de prêcher en ce jour sur ce rite baptismal, parce que figurez-vous qu’hier c’était mon anniversaire de baptême ! Hier ça faisait 33 ans que Jésus a prononcé ses paroles de vie sur moi.
A l’époque j’étais un bébé qui entend ses 1ères paroles, mais mon parcours spirituel m’a permis de découvrir ses deux grands piliers de la vie chrétienne : écouter Dieu et le faire connaître. Aujourd’hui j’en ai fait ma raison de vivre.
Depuis mon adolescence, plus j’approfondis la Parole de Dieu, plus je la trouve passionnante. Comment ne pas la faire connaître ? Dedans j’ai trouvé les réponses à toutes mes questions existentielles. J’ai l’impression d’avoir trouvé un trésor à partager, quelque chose dont tout homme a besoin sans le savoir.
Jésus est venu nous révéler ce Dieu que tout homme a besoin de connaître pour trouver le sens de sa vie. Et il a fondé l’Église pour cela. Paul VI, le pape du concile Vatican II, disait que l’église existe pour évangéliser. L’église c’est l’ensemble de tous ces baptisés sur qui on a dit : « éfféta, que le Seigneur Jésus te donne d’écouter sa Parole et proclamer la foi ».
Faire connaître Dieu ce n’est pas réservé aux curés. C’est un besoin de toute personne qui a fait l’expérience de l’amour de Dieu et qui trouve insupportable que certaines personnes passent à côté d’un tel bonheur.
Dans notre ville il y a des milliers de personnes qui croient qu’ils sont sur Terre par hasard et qui ne s’adressent jamais à Dieu en l’appelant « papa », qui ne voient pas l’amour de Dieu parce que personne n’a jamais ouvert les yeux et les oreilles de leur cœur. Si vous n’avez pas le cœur déchiré en pensant à toutes ses personnes qui ne connaissent pas à quel point Dieu les aime, c’est peut-être que vous en faites partie.