Homélie 20ème Dim T.O. B Jn 6
Lectures messe : https://www.aelf.org/2018-08-19/romain/messe
(Pr 9, 1-6) (Ps 33 (34), 10-15) (Ep 5, 15-20) (Jn 6, 51-58)
Jésus parle de manger sa chair et boire son sang. C’est scandaleux. Déjà les juifs ne boivent jamais du sang animal parce que ce n’est pas cacher, encore moins du sang humain ! La foule qui le suivait jusque-là, va le quitter après ce discours et seuls les apôtres resteront à ses côtés. Jésus aurait pu préciser qu’il s’agit d’un symbole, comme disent les protestants, mais ce n’est pas un symbole ! Jésus ne changera pas un seul mot de son discours car il s’agit vraiment de manger sa chair. Si l’eucharistie était un simple symbole, pourquoi Jésus tient un discours cannibale au prix de les perdre tous ? Et ça ira plus loin, parce que du temps des premières persécutions sanglantes contre les chrétiens, c’est justement de cannibalisme qu’on les accuse. Si tant de chrétiens sont morts à cause de cette réputation de cannibalisme, c’est qu’ils ne parlaient pas de symbole, mais vraiment de manger la chaire du Fils de l’homme à chaque eucharistie.
Les tribus qui pratiquent le cannibalisme, croient qu’en mangeant de la chair humaine ils vont manger aussi la sagesse de la personne et sa vie, et donc qu’ils vivront plus longtemps. L’homme de tous les temps, ressent en lui un besoin de manger quelque chose qui lui donne la sagesse et l’immortalité. Rappelez-vous du premier péché : Ève voit que le fruit de l’arbre interdit « est désirable parce qu’il donne la sagesse » !
Un péché c’est toujours une fausse solution à un besoin légitime. L’homme ressent le besoin de manger quelque chose qui lui donne la sagesse et l’immortalité, parce qu’il a été créé pour manger Dieu. Dieu nous a créés pour l’eucharistie, et notre cœur a une soif de sagesse divine et de vie éternelle qui ne peut être rassasiée qu’à l’eucharistie.
Et c’est la promesse de la première lecture d’aujourd’hui. La sagesse divine a dressé une table pour que les ignorants puissent la manger. Même les personnes handicapées mentales, qui ne peuvent pas méditer la Parole de Dieu, peuvent se nourrir de l’eucharistie et vivre une communion avec Dieu qui va au-delà de ce que l’intelligence humaine peut comprendre. Combien de chrétiens, dans des moments de détresse profonde, n’arrivent plus à se concentrer pour prier quoi que ce soit, mais il leur reste une chose : l’eucharistie. Car, c’est physique, ça n’a pas besoin de la pensée mais juste de la volonté pour fonctionner.
L’extrait du livre des Proverbes que nous venons d’entendre me fait penser au psaume du bon berger : « tu prépares la table pour moi, devant mes ennemis, ma coupe est débordante ». Dans la deuxième lecture il est question aussi d’une coupe qui donne la sagesse. Saint Paul leur demande de ne pas vivre comme des fous, mais comme des sages. Et il demande de ne plus s’enivrer de vin mais d’Esprit Saint. Je le cite : soyez plutôt remplis de l’Esprit Saint, dites entre vous des psaumes, des hymnes et des chants inspirés. Chantez le Seigneur et célébrez-le de tout votre cœur ». Ça nous donne une idée de la louange qui caractérisait les eucharisties des premiers chrétiens. A notre époque c’est le Renouveau Charismatique qui a redécouvert cette sobre ivresse de l’Esprit. C’est le nom d’un livre de Raniero Cantalamessa, le prêtre qui prêche au pape et à tous les cardinaux chaque année à l’occasion du carême : la sobre ivresse de l’Esprit...
La messe est un festin de noces, dans lequel Jésus est à la fois l’époux et la nourriture. Rappelez-vous que son premier miracle consiste à transformer l’eau en vin aux noces de cana et qu’à la Cène il dira « je suis la vigne véritable ». Depuis la cène, chaque dimanche l’Église se réunit pour un festin dans lequel nous mangeons Celui qui est la sagesse incarnée, afin de recevoir sa vie éternelle.
Ces derniers dimanches, je vous ai fait une catéchèse en continue sur les différentes parties de la messe en suivant le chapitre 6 de St Jean. La dernière homélie de ce volet est consacrée à la communion.
Comme je vous disais, Jésus emploi un langage cannibale pour en parler. Nous mangeons vraiment sa chair, mais il nous fait le cadeau de prendre les apparences du pain pour qu’on puisse le manger sans avoir à manger de la chair humaine. Vous savez qu’il est arrivé à Lanciano (Italie) et dans d’autres endroits que l’hostie devienne vraiment de la chair humaine et du coup, on n’a pas pu la consommer. On appelle cela un miracle eucharistique, mais je pense que c’est à l’inverse. Le vrai miracle a lieu à toutes les autres messes, quand Jésus prend les apparences du pain et du vin pour qu’on ne fasse qu’une seule chair avec lui. Heureusement, ce miracle est beaucoup plus fréquent que celui de voir l’hostie devenir de chair humaine impossible à manger.
Mais pourquoi c’est si important de communier ? Pourquoi Jésus promet la vie éternelle à celui qui le mange ? Bien sûr, Jésus est assez puissant pour nous la donner par d’autres voies, mais il a choisi celle-ci pour plusieurs raisons :
1- L’amour de Dieu n’est pas seulement intellectuel. C’est un amour passionné qui cherche la fusion des corps comme tout amour humain.
2- Il est devenu homme pour épouser notre humanité, et c’est dans l’eucharistie que nous devenons une seule chair avec lui
3- Son corps est le temple de l’Esprit Saint, donc fusionner notre corps au sien fait de notre corps le temple de l’Esprit Saint
4- Son corps ressuscité a vaincu la mort et le péché, donc il veut faire de nous son corps pour partager avec nous son immortalité
5- Enfin, si en mangeant le corps du Christ notre corps devient un avec le sien, tous ceux qui communient deviennent un seul corps. C’est en ce sens-là que Saint Paul définit l’Église comme le corps mystique du Christ dont chacun de nous est un membre.
Bref, l’eucharistie nous unit entre nous et nous unit à Jésus pour bénéficier de la vie éternelle et la plénitude de l’Esprit Saint qui se trouvent dans son corps.
Ceci dit, il y a des chrétiens qui pour des raisons personnelles ne peuvent pas communier. Je voudrais vous dire un mot sur la communion spirituelle : Dieu a institué les sacrements mais il n’est pas limité par ce qu’il a lui-même institué. Il reste souverainement libre pour sauver des âmes autrement s’il le veut. Il a juste besoin de notre désir de le recevoir et de nous donner à notre tour. Si on met une gourde d’eau ouverte sous un robinet elle se remplira plus qu’une gourde fermée sous un immense torrent d’eau. Eh bien, je suis persuadé que beaucoup de chrétiens qui communient ressemblent à une gourde fermée sous une cascade, alors que d’autres chrétiens qui ne communient pas sont davantage remplis parce qu’ils ressemblent à une gourde ouverte sous un robinet. Alors, soyons affamés d’eucharistie pour recevoir toutes les grâces que Dieu veut nous donner.
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