1ère lecture : Proverbes 9
Évangile : Jean 6, 51-58
Jésus parle de manger sa chair et boire son sang. C’est scandaleux. Déjà les juifs ne boivent jamais du sang animal parce que ce n’est pas cacher, encore moins du sang humain ! La foule qui le suivait jusque-là, va le quitter après ce discours et seuls les apôtres resteront à ses côtés. Jésus aurait pu préciser qu’il s’agit d’un symbole, comme disent les protestants, mais ce n’est pas un symbole ! Jésus ne changera pas un seul mot de son discours car il s’agit vraiment de manger sa chair à chaque messe sous l’apparence du pain. Si l’eucharistie était un simple symbole, pourquoi Jésus tient un discours cannibale au prix de les perdre tous ? Et ça ira plus loin, parce que du temps des premières persécutions sanglantes contre les chrétiens, c’est justement de cannibalisme qu’on les accuse. Si tant de chrétiens sont morts à cause de cette réputation de cannibalisme, c’est qu’ils ne parlaient pas de symbole, mais vraiment de manger la chaire du Fils de l’homme à chaque eucharistie. Heureusement que Dieu fait le miracle de conserver les apparences du pain après la consécration !
Les tribus qui pratiquent le cannibalisme, croient qu’en mangeant de la chair humaine ils vont manger aussi la sagesse de la personne et sa vie, et donc qu’ils vivront plus longtemps. L’homme de tous les temps, ressent en lui un besoin de manger quelque chose qui lui donne la sagesse et l’immortalité. Rappelez-vous du premier péché : Ève voit que le fruit de l’arbre interdit « est désirable parce qu’il donne la sagesse » ! (Gn 3) Parfois je me demande si le premier péché de l’humanité n’a consisté à chercher l’immortalité et la sagesse à travers le cannibalisme, si l’histoire de la pomme d’Adam et Ève n’est pas une histoire symbolique tout public qui condamne avec des euphémismes les atrocités dont l’homme est capable quand il cherche l’éternelle jeunesse. Mais c’est une simple intuition dont je ne suis pas sûr.
Si je consacrais cette homélie à vous prêcher que le cannibalisme c’est mal vous me regarderiez étonnés car cela paraît évident à tout le monde. Mais vous dites ça parce que vous êtes nés dans un pays dont la bible a influencé la culture pendant 12 siècles. Les prophètes de la bible, communs au 3 religions monothéistes ont été les premiers à se battre contre les sacrifices humains qu’on retrouve dans la plupart de cultures de l’antiquité.
Certains chrétiens trouvent très sévères les textes de l’Ancient Testament dans lesquels Dieu punit son peuple à chaque fois qu’il rend culte aux idoles. Certains se demandent si le Dieu de l’ancien Testament c’est bien le Dieu d’amour de Jésus-Christ. Le culte à Moloch et aux divinités païennes si condamné dans la bible consistait à lui offrir des bébés humains. On comprend que Dieu se montre intransigeant là-dessus. Une folie du monde sauvage qui ne s’est pas arrêté il y a 3000 ans.
Au 16ème siècle, quand les premiers chrétiens sont arrivés en Amérique ils se sont battus contre les sacrifices humains des aztèques. Au 19 siècle, quand les missionnaires français sont partis de Toulon et La Seyne pour évangéliser l’Océanie, certains se sont fait manger littéralement par des tribus cannibales. Le monde civilisé n’imagine pas la dette qu’il a envers l’Église.
En relisant nos 2000 ans d’histoire avec une certaine perspective, une constante frappante c’est que le sang des innocents est inversement proportionnel au sang du Christ qui est offert en sacrifice à chaque messe. Autrement dit, quand le culte eucharistique s’installe dans un continent et que le sang du Christ est offert en sacrifice par le pain et le vin consacrés, dans ce continent baisse en proportion le sang des innocents offert en sacrifice.
Et inversement : J’ai entendu un prêtre plus savant que moi affirmer que quand le sacrifice du Christ recule, à cause du manque de prêtres et de chrétiens, ou à cause de leur médiocrité, ça fait un appel d’air qui fait avancer le paganisme avec son lot de sang innocent.
Je suis inquiet quand je vois que dans notre occident déchristianisé, le monde de l’art et de la culture met de plus en plus en valeur les divinités grecques et le paganisme de l’antiquité dans ces spectacles, comme par exemple la cérémonie des jeux olympiques... Ceci n’est pas nouveau : depuis le 15 siècle il y a une fascination croissante pour la culture antique comme si c’était une sorte de « une sagesse ancestrale que la méchante Église nous aurait cachée pendant le moyen âge avec sa chasse aux sorcières » ...
Je sais bien qu’il y a des choses très belles dans les cultures antiques et je ne veux pas condamner les artistes ni les passionnés de l’histoire. Ce qui m’inquiète c’est ce refus de nos racines chrétiennes et cette fascination sans esprit critique pour les autres cultures, surtout celles que l’Église a combattu. Comme si les crimes de l’antiquité c’étaient un jeu avec lequel on peut s’amuser parce que le drame ne nous concerne plus. Comme s’il n’y avait pas dans notre monde civilisé des enfants kidnappés et vendus à des réseaux pédophiles. Cette mise à l’honneur des divinités immorales de l’antiquité me semble pour le moins de mauvais goût et symptomatique d’un retour au paganisme que l’Église avait extirpé.
Un célèbre exorciste qui libère des personnes issues des sectes satanistes disait dans un interview que les messes noires avec profanation d’hosties et sacrifices d’enfants existent encore aujourd’hui et augmentent dans les pays occidentaux déchristianisés. Peut-être vous ne pratiquez pas volontairement le cannibalisme mais vous seriez surpris par la quantité de produits de santé et cosmétiques qui sont issus de fœtus avortés...
Mais ne soyons pas paranoïaques. Notre monde est plein de belles personnes qui font le bien autour d’eux et dont certains s’inspirent d’autres sagesses que la sagesse chrétienne. Dans toutes les religions et cultures on peut trouver des véritables pépites d’or, des semences du Verbe, et je voudrais saluer surtout les pays musulmans qui sont aussi dégoûtés que nous de la décadence morale de la France, qui ont censuré dans leur pays une partie de la cérémonie des Jeux Olympiques et qui ont écrit des lettres de soutien au pape.
Dernier point : un péché c’est toujours une fausse solution à un besoin légitime. L’homme de tous les temps et de toutes les cultures ressent le besoin de manger quelque chose qui lui donne la sagesse et l’immortalité, parce qu’il a été créé pour manger Dieu. Dieu nous a créés pour l’eucharistie, et notre cœur a une soif de sagesse divine et de vie éternelle qui ne peut être rassasiée qu’à l’eucharistie.
Et c’est la promesse de la première lecture d’aujourd’hui. La sagesse divine a dressé une table pour que les ignorants puissent la manger. Même les personnes handicapées mentales, qui ne peuvent pas méditer la Parole de Dieu, peuvent se nourrir de l’eucharistie et vivre une communion avec Dieu qui va au-delà de ce que l’intelligence humaine peut comprendre. Combien de chrétiens, dans des moments de détresse profonde, n’arrivent plus à se concentrer pour prier quoi que ce soit, mais il leur reste une chose : l’eucharistie. Car, c’est physique, ça n’a pas besoin de la pensée mais juste de la volonté pour fonctionner.
Pour terminer, permettez-moi de vous rappeler que le 15 août nous avons fêté Marie, la première à voir obtenu précisément l’immortalité du corps et la sagesse divine qui nous viennent de l’eucharistie. Nous avons fêté que ce corps de Marie qui a porté dans son utérus le corps divin de son bébé Jésus, ce corps a été glorifié sans connaître la corruption du tombeau. Nous venons de fêter que Marie a reçu l’immortalité dans son corps et la sagesse divine dans son âme parce qu’elle a porté Jésus dans son corps. Nous c’est dans la communion eucharistique que nous recevons à chaque messe la sagesse divine et le gage de l’Immortalité. Voilà le vrai sacrifice non sanglant qui remplace le sacrifices des innocents et qui fait reculer les puissances démoniaques.
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