Homélie sur les ouvriers de la dernière heure
J’avoue que j’aurais préféré avoir un évangile plus facile pour une 1ère homélie dominicale dans ma nouvelle paroisse.
Cet évangile tend à nous déstabiliser, car on constate bien que la logique de Dieu n’est pas la nôtre. La 1ère lecture le dit bien :
Autant le ciel est élevé au-dessus de la terre, autant mes chemins sont élevés au-dessus de vos chemins, et mes pensées, au-dessus de vos pensées, dit le Seigneur.
En fait la logique de Dieu dépasse la nôtre parce que c’est la logique de la miséricorde !
Le maître de la vigne offre un très bon salaire aux premiers et il tient sa promesse. Aux derniers arrivés, il n’avait rien promis, il avait juste dit « venez à ma vigne vous aussi ». Il décide d’être généreux avec ses pauvres gens sans emploi et ça provoque la jalousie des autres.
Comment ne pas penser à la jalousie du frère ainé de la parabole de l’enfant prodigue ? Mais surtout, comment ne pas penser au bon larron ? Lui aussi, c’est converti à la dernière heure de sa vie et Jésus lui a donné la même récompense éternelle qu’à ceux qui ont passé leur vie dans la vigne du Seigneur.
Quand j’étais séminariste, j’avais fait un stage BAFA pour avoir mon diplôme d’animateur et pouvoir animer des camps de jeunes. Là je m’étais lié d’amitié avec un jeune musulman qui habitait un cartier chaud de la banlieue parisienne. Il me disait que dans son cartier on se sent obligé de devenir délinquant, et qu’il avait très peur d’aller en enfer. Je lui ai raconté l’histoire du bon larron et il en été ému jusqu’aux larmes. Pour la 1ère fois de sa vie, il entendait qu’il n’est jamais trop tard pour se convertir, que Dieu est toujours prêt à nous offrir une nouvelle chance. C’est cela la miséricorde ! Autan le Ciel est élevé au-dessus de la terre, autant mes chemins son élevés par-dessus des vôtres.
Les lectures d’aujourd’hui ce sont une invitation à ne pas juger ceux qui ont rejoint la vigne du Seigneur après nous, par exemple, les gens qui rejoignent la paroisse après un parcours alpha, qui se font chouchouter alors que leur vie n’est pas forcément plus exemplaire que la nôtre. Mais surtout, elles sont un appel à la conversion. Même si nous venons à la messe depuis longtemps, nous avons tous des domaines de notre vie où nous avons toujours du mal à nous convertir. Et l’évangile d’aujourd’hui nous dit qu’il n’est jamais trop tard !
Je pense que si on avait la moindre idée de la sainteté à laquelle le Seigneur nous appelle, on réaliserait que notre vie spirituelle a à peine commencé. Heureusement qu’il n’est jamais trop tard pour se convertir car nous sommes tous des ouvriers de la dernière heure.